vendredi 8 août 2014

Réflexions et pensées : De la civilisation à la barbarie

L’homme, en voyant les choses d’une manière de plus en plus technologique est devenu de moins en moins naturel, c’est-à-dire de plus en plus artificiel. En s’éloignant de la nature des choses, il s’est éloigné de sa propre nature – sur laquelle tout ce qu’il est prend pourtant appui – et a par conséquent perdu la mémoire de ce qu’il était. N’importe quel animal sauvage est plus vrai que lui. Toute personne dont la pensée se civilise trop perd son instinct et donc la capacité d’entrer en contact avec la réalité nue et authentique des choses. Dès lors, il ne peut plus saisir aucune vérité.
Cela ne veut pas dire qu’être civilisé est mauvais bien entendu, car être civilisé, d’un point de vue moral élevé, c’est accepter et pas nier sa nature, afin d’être en mesure d’empêcher – autant que faire se peut – qu’elle nous pousse, dans certaines situations, à agir de manière barbare, et même dans un premier temps afin de nous empêcher de nous mettre dans ces fameuses certaines situations.
Être civilisé, c’est en quelque sorte avoir été forcé de nous élever au-dessus de l’animal que nous sommes, ceci pouvant paraître entrer en contradiction avec ce qui a été dit au début, mais en apparence seulement si on comprend qu’un arbre ne peut s’élever qu’en plongeant ses racines plus profondément dans la terre. Nous élever n’est donc possible qu’à la condition que nous soyons capables d’explorer les sous-sol de notre nature, et pas que nous cherchions à nous faire croire, par orgueil, que nous pouvons nous séparer d’eux. D’ailleurs, ne dit-on pas d’une pensée élevée qu’elle est profonde ? L’esprit d’un véritable penseur ne peut être qu’un animal sauvage doué d’une pensée spirituellement élevée.
Si quelqu’un ne veut être que spirituellement élevé, vertueux, ou bien-pensant, il deviendra un ennuyeux penseur de salons mondains, il deviendra hypocrite, et en vérité l’un de ceux par qui le retour de la barbarie sera rendu possible car, comme dit le proverbe, l’enfer est pavé de bonnes intentions, puisque effectivement, les bonnes intentions, les bons sentiments, outre le fait qu’ils servent presque toujours à combler un déficit d’intelligence, embellissent naïvement la réalité, et empêchent donc de voir, au sein de la société ou dans le monde, le développement généralement sournois de ce qui devrait inciter à faire preuve de méfiance et de prévoyance.
Sans compter qu’il y a beaucoup de bons sentiments mal intentionnés dont le but est d’endormir les bons sentiments naïfs. C’est pourquoi l’instinct ne doit pas être civilisé – j’entends par là entre autres qu’il ne doit pas être moralisé. Il doit rester sauvage, intact, afin d’être en mesure de sentir, pour prévenir des périls ; il est principalement fait pour ça. Seul l’esprit doit être civilisé et éduqué, pour que puisse être maintenu la cohésion sociale ; civilisé et éduqué, mais pas trop comme je l’ai dis, afin qu’il puisse continuer d’écouter l’instinct. Le problème est qu’on a voulu aussi, et même surtout, civiliser et moraliser l’instinct, ce qui revient à donner un somnifère à une vigie. Voilà ce que l’on peut appeler être trop civilisé, ceci ayant pour effet de conduire la civilisation à sa perte en permettant un retour de la barbarie.